Un terme peut être ignoré en Occident ou mal compris, la pharmacopée chinoise est l’outil principal de la médecine chinoise et elle n’est pas la phytothérapie ni dans son usage ni dans sa conception. Alors, qu’est-ce que c’est ?
Comme toutes les pratiques et les approches de la médecine chinoise, la pharmacopée s’appuie sur une philosophie, une compréhension et une conception à la fois du monde, de l’univers et de l’être humain. En premier lieu, elle n’est pas uniquement bâti sur l’usage des plantes, mais entre en jeu aussi bien les herbes médicinales (à 80-90 % environ), le monde minéral et le monde animal. En second lieu, elle comprend toute chose comme un ensemble dont l’Homme fait partie, bâtissant alors une vraie carte d’identité pour chaque drogue de la matière médicale avec une correspondance dans le corps humain selon l’usage voulu. Au travers des 4 natures, des 5 saveurs, des tropismes et des mouvements énergétiques, la substance utilisée va avoir non pas un simple usage symptomatique et de conséquence (comme en phytothérapie occidentale), mais plutôt, on en comprendra sa réalité profonde et véritable, son fonctionnement et son comportement pour maîtriser au mieux à la fois les actions, les indications et les interactions. En somme, si l’on dit du tilleul qu’il aide mieux à dormir en Occident, cela ne sera qu’une de ses nombreuses actions en médecine chinoise, et l’on ne s’arrêtera pas là, car nous établirons une fiche qui le définira dans sa nature propre, sa voie d’action, son mouvement, le tropisme ou correspondance avec le corps humain et enfin ses actions et indications. Son effet narcotique ne sera que l’une de ses actions qui, eux mêmes, ne sont qu’une ligne de la carte d’identité de la plante.
Dans sa profondeur, la compréhension des trois règnes et leur usage en médecine traditionnelle ne s’arrête pas là. En effet, la matière médicale (plantes, minéraux, animaux) est étudiée de manière isolée pour en comprendre la profondeur avec ses différentes transformations (Pao Zhi) et interactions, c’est ce qu’on appelle zhongyao. Mais étudier tout ceci de manière isolée ne permettra en rien au médecin dans les hôpitaux chinois de faire une prescription, en fait, il ne saura en rien guérir ou donner une médication à base de plantes médicinales ou de pharmacopée mais pourra simplement conseiller sans grande conviction les produits qu’il connaît. Cela n’a, en médecine chinoise, pas grand sens car ce serait similaire à un étudiant de langue qui souhaiterait parler une langue en ne connaissant que les lettres de l’alphabet sans grammaire ni conjugaison ni formation des phrases. C’est donc à ce moment là qu’intervient le fangji, qu’on peut traduire par l’étude des formules. C’est alors ainsi que l’étudiant peut agencer les lettres qu’il connaît pour former des mots puis des phrases qui ont un sens réel.
Depuis la Chine antique, et ce depuis le début de la médecine chinoise, la pharmacopée occupe la place la plus importante dans la médication. Autour de 85 % de la prescription en Chine est de la pure pharmacopée, le reste pouvant être de l’acupuncture, des ventouses, du tuina et autres soins. C’est pour cela qu’être un praticien efficace et rigoureux demande d’être avant toute chose un fin connaisseur en la pharmacopée, autant en zhongyao qu’en fangji. Cela dans le sens et unique but de rétablir l’harmonie dans l’être (santé) et d’éliminer ce qui la perturbe.
Comme expliqué, la pharmacopée chinoise s’agence autour des trois règnes que sont le monde végétal, minéral et animal. Même si plus de 100 000 espèces furent étudiées jusqu’à aujourd’hui et plus encore, la pharmacopée chinoise tourne autour de 500 grandes substances dans ses formules, dont 365 qui sont les plus importantes car venant des Classiques de la médecine chinoise tant dans le zhongyao (matière médical) que dans le fangji (formulation finale). Comme éléments importants nous pouvons citer le ginseng, la jujube, le gypse, l’armoise, l’écorce de clémentine, la racine de rehmannia, la baie de goji, les feuilles de bambou ou le reishi.
Cela dépend de vos syndromes, pathologies et de la formule que prévoit le praticien. Évidemment, nous parlons bien ici d’effets indésirables qui sont inscrits dans le processus normal de la guérison, et non d’effets secondaires qui seraient une aggravation d’une dysharmonie ou d’une maladie. Dans le premier cas, il se peut que le praticien souhaite une purgation de la toxicité présente dans votre corps, alors vous pourrez rencontrer des diarrhées, inappétences (ou au contraire faim inhabituelle) ou exanthèmes pendant quelques temps, surtout au début du traitement. S’il souhaite calmer votre Esprit pour vous permettre de mieux dormir et de nourrir la matière (Yin) de votre corps, vous pourrez alors rencontrer des sensations de relaxation, des sommeils plus longs qu’habituellement et des fatigues à certains moments de la journée.
Le second cas, à savoir des effets secondaires qui sortiraient du cadre voulu par le praticien, cela n’a lieu que lorsque ce même praticien n’a pas assez de savoir ou d’expérience et qu’il ne connaît pas la profondeur de la matière médicale autant que la formule qu’il vous conseille. Par le Pao Zhi (préparation de la substance) et la synergie de la formulation finale, la médecine chinoise élimine tout effet secondaire possible ainsi que toute toxicité, qu’elle soit minime ou non. Un praticien qualifié prendra bien garde à cela.
Cela dépend de la formule voulue par le praticien, mais des plantes reviennent très souvent comme la jujube (Da Zao), l’astragale (Huang Qi), le ginseng (Ren shen), l’épicarpe de clémentine (Chen pi), les baies de goji (Gou Qi Zi), le gingembre frais (sheng jiang) ou la réglisse (Gan cao).